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AV-36 / AV-361 Fort de l'expérience gagnée avec ses précédents prototypes de planeurs, Charles Fauvel sortit l'AV-36 en 1951. Cet appareil à la silhouette caractéristique était doté d'un fuselage réduit au minimum (la cabine de pilotage), d'une faible envergure (11,95 m) et d'une masse à vide extrêmement faible (120 kg à vide). L'AV-36 offrait également comme originalité de ne pas être démontable. L'aile était construite d'un seul morceau, sans ferrures, ce qui valut à l'appareil l'appellation "Monobloc". Le transport par la route pouvait être effectué simplement en rabattant les deux gouvernes de direction sur le bord de fuite de la voilure, et en retirant le nez du fuselage. L'AV-36 pouvait alors être mise en travers sur une remorque, la largeur de 2,38 m ne dépassant pas le gabarit routier. De plus, cette compacité permettait une grande robustesse, puisque le planeur était calculé au facteur de rupture de 12 g à 215 kg. Le prototype de l'AV-36, construit par Charles Fauvel et son fils, fit son premier vol le 31 décembre 1951, et montra tout de suite de bonnes qualité de vol et notamment une excellente stabilité longitudinale. L'appareil obtint rapidement son Certificat de Navigabilité français, puis les certificats canadiens et allemands (ce dernier autorisait officiellement l'acrobatie simple). Une cinquantaine de machines furent construites par la société Wassmer, à Issoire. Cet établissement réalisait des sous-ensembles (on parlerait aujourd'hui de "kits"), que les aéroclubs réceptionnaires devaient assembler. Plusieurs machines ont été construites sous licence en Allemagne, et de nombreuses ont été réalisées par des constructeurs amateurs, en France mais aussi au Canada, en Angleterre, en Allemagne, au Brésil et en Italie. L'AV-36 était dotée de performances très comparables à d'autres planeurs de la même époque, et présentait l'avantage d'être structurellement plus simple, donc moins chère. De nombreux pilotes ont réalisé à bord des distances supérieures à 300 km, voire 500 km. En juin 1954, Eric Nessler, vélivole très renommé, participa à la course Paris-Biarritz à bord d'une AV-36, dont il fut un partisan acharné. En 1957, Claude Visse obtint un insigne d'or sur AV-36. Malgré l'hostilité des détracteurs de la formule, basée davantage sur des préjugés que sur des faits réels, on comptait en 1966 une centaine de planeurs AV-36 et AV-361. Ce dernier modèle était un perfectionnement de l'AV-36, dont le prototype vola en 1960. Cette version se caractérisait par une envergure plus importante (12,78 m) et des saumons d'aile plus aérodynamiques (de type Hoerner), des surfaces verticales retouchées et des aérofreins type Schempp-Hirth perforés à l'intrados et à l'extrados. Le fuselage était rendu ovale et plus habitable, et une verrière moulée permettait une vue panoramique. Un crochet de nez venait remplacer les deux ancrages situés sous les ailes. Enfin, le rapport de commandes avait été modifié avec en particulier plus de différentiel d'aileron, permettant une meilleure homogénéité et une réduction du lacet inverse. Il en résulta une augmentation de la finesse maximale de plus de 2 points, et une diminution du taux de chute de 6 cm/s. De nombreuses AV-36 furent équipées des améliorations prévues pour le modèle AV-361, notamment en Allemagne. Certains constructeurs amateurs allemands allèrent encore plus loin en motorisant l'AV-36 par adjonction d'un moteur 2-temps et d'une hélice repliable en arrière du court fuselage, entre les deux gouvernails. Un dernier perfectionnement portait sur l'utilisation d'un profil laminaire Wortmann FX 66-H 159 à la place du Fauvel F4 d'origine. La finesse passait alors à 30 à 85 km/h. De nos jours seules quelques ailes volantes AV-36 et AV-361 subsistent en France. A noter que l'une d'entre elles a été transformée en motoplaneur ULM par adjonction d'un moteur Koenig 2-temps de 24 ch (à l'instar des réalisations allemandes et du modèle AV-45) et d'un train tricycle. Au Canada, la société Falconar Aviation diffuse toujours les plans de l'AV-361 (en version anglaise) ainsi que certains éléments en kit, pour les constructeurs amateurs, tandis qu'en France le décès de Charles Fauvel en 1979 a mis fin à toute commercialisation.
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