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Pourquoi une
aile volante ?
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Pourquoi peut-on être
amené à privilégier la formule "aile
volante" de type Fauvel par rapport à une formule
plus classique ? La réponse complète à cette question
nécessite une explication approfondie du fonctionnement
de ces machines, que l'on trouvera dans la rubrique
"un peu de technique...". Résumons ici
quelques idées qui montrent les avantages de cette
formule.
La stabilité des
machines "dépourvues de queue" est souvent
mise en doute. Il existe chez de nombreuses personnes,
pilotes ou non, un frein psychologique basé sur l'idée
qu'un avion ne peut voler correctement et en toute
sécurité sans empennage stabilisateur. Pourtant, les
diverses machines réalisées par Fauvel ou par d'autres
concepteurs ont
largement contribué à prouver que de tels appareils
peuvent être au moins aussi stables que d'autres à la
configuration plus classique. Et que leurs avantages ne
sont pas négligeables...
Lorsque vous montez dans
un avion classique, doté d'un stabilisateur à
l'arrière, vous devez savoir que :
- la machine peut décrocher,
- une vrille accidentelle peut être déclenchée en
tournant avec un rayon de virage faible, à basse
vitesse,
- les accélérations verticales peuvent devenir très
importantes à haute vitesse lorsque l'air est agité, et
sont amplifiées si la charge alaire est faible,
- une grande partie du fuselage ne sert à rien d'autre
qu'à assurer la liaison avec la queue de l'appareil,
mais apporte en revanche une masse et une trainée non
négligeables.
Dans une aile volante de type Fauvel, ces contraintes
n'existent pas. Jim Marske, concepteur de planeurs de
formule aile volante inspirés par les travaux de Fauvel,
exprime ainsi sa pensée : "Quand vous voyez une
aile volante décoller, vous vous dites : Il faut un
homme courageux pour voler dans une machine si dangereuse.
Croyez-moi, c'est ce que je pense quand je vois un
planeur classique décoller en remorqué."
Plus de la moitié des accidents
mortels concernant l'aviation générale surviennent lors
de décrochages ou d'autorotations trop près du sol.
Dans le domaine du vol à voile, un planeur qui ne
décroche pas ni ne se met en vrille est un atout
considérable pour le pilote qui souhaite exploiter des
thermiques faibles près du sol. L'aile volante Fauvel
est capable de voler à faible vitesse en toute sécurité,
le décrochage se traduisant par un simple marsouinage
(oscillations en tangage). Elle est aussi dotée d'une
bonne pénétration dans l'air à haute vitesse grâce à
la trainée plus réduite du fuselage et l'absence
d'interaction avec les empennages. La compacité
de la formule permet de réaliser des machines plus
légères, moins encombrantes et plus
économiques. Ainsi, plutôt que d'alléger la
structure de l'appareil par l'emploi de matériaux
coûteux ou en rognant sur les coefficients de
sécurité, on diminue le nombre d'éléments de
l'aéronef. En dehors de tout folklore, il faut bien
admettre que l'aile volante est l'appareil le plus
solide pour un poids donné. L'AV-36, par exemple,
était calculée au coefficient de 12 (nombre de G avant
rupture) à la masse maximale de 225kg !
Les techniques
informatiques actuelles permettent de mieux appréhender
les phénomènes aérodynamiques qui régissent le
domaine de vol de ces machines. Bien entendu, il ne
s'agit pas d'une formule magique, et elle ne constitue
pas la panacée pour tous les domaines d'application.
Comme tout concept aéronautique, il s'agit d'un compromis
entre différents paramètres. En l'occurrence, l'aile
volante Fauvel constitue un remarquable compromis entre
sécurité, coût, performance et encombrement, bien
adapté aux besoins actuels de l'aviation légère et
sportive. Pensez à tous ces avantages lorsque vous
volerez la prochaine fois à bord d'un avion ou d'un
planeur "conventionnel", ou si vous songez à
concevoir une machine volante !
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